Si on interroge aujourd’hui à un néophyte sur le Spiritisme, ce terme lui évoque immanquablement d’abord les tables tournantes, où un groupe de personnes sont réunies dans le noir autour d’un guéridon, afin d’évoquer les Esprits ; ou l’évocation des Esprits à l’aide d’un verre ou d’un oui-ja par jeu, dans le but d’obtenir des révélations (numéros du loto ; sujets du bac …). D’autres pensent  aux Madames Irma, et autres médiums voyants qui contre une rémunération substantielle  prétendent dévoiler l’avenir, guérir les  maux de toute sorte, conjurer le sort, donner des nouvelles des disparus.  Certains ont en tête les Médiums à sensation, invités dans les émissions sur le paranormal,  qui se livrent à des activités aussi puériles que tenter de découvrir le contenu d’une enveloppe fermée. Expérience qui échoue à chaque tentative, et charlatans que Georges Charpak, prix Nobel de physique en 1992,  dénonce dans son ouvrage Devenez sorciers, devenez savants (éditions Odile Jacob, 2002).

Beaucoup considèrent  aussi que le  Spiritisme est une secte, qui  se livre à des activités plus ou moins suspectes. Ainsi une dame invitée par un tiers à assister à une réunion spirite, nous avouait t-elle qu’elle avait appréhendé de venir car elle avait peur. Elle  avait même consulté Internet afin de se renseigner sur les éventuels dangers du Spiritisme.

Les plus modérés pensent que les spirites sont des doux-dingues, bons à enfermer en hôpital psychiatrique, ou  dans le meilleur des cas que ce sont des excentriques.

Bien peu savent que sous ce terme si galvaudé, il y a une doctrine philosophique et morale, éminemment sérieuse, dont le but est l’amélioration et le salut de l’homme ; ainsi qu’une science.

Le Spiritisme est en effet une doctrine philosophique et morale, ainsi qu’ une science, dont les cadres théoriques ont  a été codifiés dans la deuxième moitié du XIX siècle (de 1857 à 1869) par le Français Allan Kardec, de son véritable nom Denizard Hippolyte Léon Rivail. Il  est issu de la vogue des tables tournantes qui a déferlé sur l’Europe à partir de 1853. Allan Kardec a rapidement compris que derrière ces futilités apparentes et l’espèce de jeu que l’on se faisait de ces phénomènes,  se cachait une philosophie sérieuse, répondant aux questions existentielles fondamentales que se posent les hommes. Il a donc entrepris l’étude de ces manifestations et s’est attaché à dégager  leurs conséquences philosophiques et morales. Si donc le Spiritisme est sorti des tables tournantes, il les a très vite abandonnées, et ce dès le XIX siècle où elles sont apparues comme un moyen obsolète de communiquer avec les Esprits, et ont été remplacées par des médiums.

 

Le terme  Spiritisme a été créé par Allan Kardec pour des raisons qu'il explique lui-même dans l'introduction du Livre des Esprits :

« Pour les choses nouvelles il faut des mots nouveaux, ainsi le veut la clarté du langage, pour éviter la confusion inséparable du sens multiple des mêmes termes. Les mots spirituel, spiritualiste, spiritualisme ont une acception bien définie ; leur en donner une nouvelle pour les appliquer à la doctrine des Esprits serait multiplier les causes déjà si nombreuses d'amphibologie. En effet, le spiritualisme est l'opposé du matérialisme ; quiconque croit avoir en soi autre chose que la matière est spiritualiste ; mais il ne s'ensuit pas qu'il croit à l'existence des Esprits ou à leurs communications avec le monde visible. Au lieu des mots spirituel, spiritualisme, nous employons pour désigner cette dernière croyance ceux de spirite et de spiritisme, dont la forme rappelle l'origine et le sens radical, et qui par cela même ont l'avantage d'être parfaitement intelligibles, réservant au mot spiritualisme son acception propre. Nous dirons donc que la doctrine spirite ou le spiritisme a pour principes les relations du monde matériel avec les Esprits ou êtres du monde invisible. Les adeptes du spiritisme seront les spirites ou, si l'on veut, les spiritistes. » (1)

Allan Kardec définit lui-même le Spiritisme dans Qu’est-ce que le Spiritisme ? : « Le Spiritisme est à la fois une science d'observation et une doctrine philosophique. Comme science pratique, il consiste dans les relations que l'on peut établir avec les Esprits ; comme philosophie, il comprend toutes les conséquences morales qui découlent de ces relations. On peut le définir ainsi : Le Spiritisme est une science qui traite de la nature, de l'origine et de la destinée des Esprits, et de leurs rapports avec le monde corporel. »  (2)

 

 

Dans la Revue Spirite de 1865, Allan Kardec précise que le : « Le Spiritisme tend à la régénération de l'humanité (…) qui ne peut s’opérer que  par le progrès moral. Il en résulte que son but essentiel, providentiel, est l'amélioration de chacun. »Sur la page de garde de Qu’est-ce que le Spiritisme Allan Kardec ajoute que : « Le but du Spiritisme est l’amélioration des hommes. » (3)

Dans la Genèse, il est précisé : « Le Spiritisme, ayant pour objet l'étude de l'un des deux éléments constitutifs de l'univers, l’élément matériel et l’élément spirituel, touche forcément à la plupart des sciences ; il ne pouvait venir qu'après leur élaboration, et il est né, par la force des choses, de l'impossibilité de tout expliquer à l'aide des seules lois de la matière. » (4)

« En somme, les (…) faits ou phénomènes spirites, c'est-à-dire produits par des esprits désincarnés, sont la substance même de la Science Spirite, dont l'objet est l'étude et la connaissance de ces phénomènes, afin de fixer les lois qui les régissent. » (5)

La communication suivante indique les autres buts du Spiritisme :

« Nous existons, donc le néant n'existe pas ; voilà ce que nous sommes, et voilà ce que vous serez ; l'avenir est à vous comme il est à nous. Vous marchiez dans les ténèbres, nous venons éclairer votre route et vous frayer la voie ; vous alliez au hasard, nous vous montrons le but. La vie terrestre était tout pour vous, parce que vous ne voyiez rien au-delà ; nous venons vous dire, en vous montrant la vie spirituelle : la vie terrestre n'est rien. Votre vue s'arrêtait à la tombe, nous vous montrons au-delà un horizon splendide. Vous ne saviez pas pourquoi vous souffrez sur la terre, maintenant, dans la souffrance, vous voyez la justice de Dieu ; le bien était sans fruits apparents pour l'avenir, il aura désormais un but et sera une nécessité ; la fraternité n'était qu'une belle théorie, elle est maintenant assise sur une loi de la nature. Sous l'empire de la croyance que tout finit avec la vie, l'immensité est vide, l'égoïsme règne en maître parmi vous, et votre mot d'ordre est : « Chacun pour soi » ; avec la certitude de l'avenir, les espaces infinis se peuplent à l'infini, le vide et la solitude ne sont nulle part, la solidarité relie tous les êtres par-delà et en deçà de la tombe ; c'est le règne de la charité avec la devise : « Chacun pour tous et tous pour chacun. » Enfin, au terme de la vie vous disiez un éternel adieu à ceux qui vous sont chers ; maintenant, vous leur direz : « Au revoir ! » (6)

 

 

« Le Spiritisme est à la fois une science d'observation et une doctrine philosophique. Comme science pratique, il consiste dans les relations que l'on peut établir avec les Esprits ; comme philosophie, il comprend toutes les conséquences morales qui découlent de ces relations. » (7)

De cette  définition il ressort que le Spiritisme a un triple aspect : philosophique (ensemble des principes sur lesquels se fonde sa doctrine), moral  (relatif à l’application de ces principes) et scientifique (concernant les manifestations des Esprits). De ces trois aspects, la philosophie et la morale sont les plus importants car ce sont elles qui conditionnent l’évolution. La science est importante, mais sans la morale et sans la philosophie, elle n’a pas d’assises.

Les trois aspects du Spiritisme sont développés dans le Livre des Esprits, qui est l’ouvrage majeur de la codification spirite, dont nous conseillons la lecture à tous ceux qui souhaitent découvrir le Spiritisme.

 

 

" La véritable nature du Spiritisme", Lien Fraternel 1 (2010), pp. 5-25 (www.asita.fr)

 

Pour aller plus loin

« La véritable nature du Spiritisme », Lien Fraternel, 1 (2010), pp. 5-25, [en ligne]. http://www.asita-asso.fr/mediatheque/revues/